[3 avril – FORUM 20H00]

« Même si vous tuez un poète, mille chansons lui survivront »

Des collégiens d’une banlieue d’Aix-en-Provence assistent à la création d’un opéra en arabe, écrit par un poète syrien en exil. Des paroles qui résonneront bien au-delà de leur cour d’école.

Voyage d’un texte à travers les siècles, de l’orient vers l’occident ; texte réécrit à l’attention de son propre tyran par un voyageur migrant, encore, d’est en ouest ; texte reçu par des enfants français issu de « l’immigration », pour nous offrir une méditation sur le sens d’une telle provenance. Ce film vient, à sa manière, faire se rencontrer la banlieue française et le Proche-Orient, migrations ordinaires et extraordinaires, poésie et politique. Il révèle un passé culturel majestueux dans le pays d’origine de collégiens en difficulté dans une école française. La culture d’origine se trouve être aussi prestigieuse que la littérature enseignée en classe, il reste à découvrir le monde de l’opéra. Nous l’apercevrons avec les yeux de ces enfants.

Le poète Fady Jomar (syrien, en exil en Allemagne) a écrit le livret de l’opéra, il sera présent avec les réalisateurs et nous pourrons débattre avec eux à l’issue de la projection. Une soirée exceptionnelle en quelque sorte.

On va pouvoir découvrir Fady Jomar qui vient de publier un recueil de poèmes et ceci, grâce au truchement de Mohamed Aouragh, poète chambérien et arabophone.

Des séances pour scolaires seront organisées à Chambéry-le-haut et à Saint-Genix-sur-Guiers.




Un cocktail exceptionnel

Par Dominique Vidal (auteur de Antisionisme=antisémitisme ?)

Prenez une langue, l’arabe, déclamé dans toute sa beauté douce ou rugueuse.
Ajoutez-y de la musique, elle aussi arabe, où les instruments occidentaux classiques se mêlent à ceux du Proche-Orient, à commencer par le superbe oud.
N’oubliez pas les voix, aussi belles que les acteurs et actrices, venus de tout le monde arabe, qui les propulsent dans l’espace.
Et mettez ces trois composantes au service des fables séculaires de Kalila wa Dimna, qui inspirèrent La Fontaine.
Tendez enfin la toile de fond des révolutions arabes et de leur répression, en l’occurrence par Assad-le-Bourreau.
Et confrontez à ce dense et puissant opéra les enfants curieux et créatifs d’un collège d’Aix-en-Provence.
Mélangez le tout : vous obtiendrez un cocktail exceptionnel, « Les yeux de la parole », un des plus beaux documentaires de la décennie.
Avec cette leçon de survie : « Même si vous tuez le poète, mille chansons lui survivront. »
Bravo à David Daurier et Jean-Marie Montangerand, les réalisateurs, à Fady Jomar, auteur du livret, et à Moneim Adwan, compositeur de la musique !
Leur film, pour un moment, nous réconcilie avec l’espoir.


Antoine Perraud, ancien journaliste de France Culture (Tire ta langue), journaliste à Mediapart, aime le film et le dit (accessible sans abonnement) :
https://blogs.mediapart.fr/les-yeux-de-la-parole/blog/110219/aux-sources-orientales-des-fables-de-la-fontaine


Revue de presse (liens) :

Positif

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